lundi 29 juin 2009

Mon stage en ONG

Bénéficiaires du micro-crédit (85 euros max) avec les caissiers



Traversée du désert

Alors voilà. Après un mois et demi de silence, I'm back. Pourquoi n'ai-je rien écrit pendant tout ce temps? Éh bien parce que une fois passé un mois et demi de découvertes, d'émerveillements, j'ai eu un petit passage à vide, je me suis sentie seulette, ben voui...Et comme de juste, c'est à ce moment-là que je me suis fait tirer mon sac, quand j'étais à vélo. Deux types sur une moto ont surgi, la moto a freiné, le mec de derrière m'a couru après. Le tout dans une rue déserte (chose rare, il était 20h), et complètement noire sur 20 m, alors que le début était illuminé et animé. Le flip... le sac (que je ne prenais jamais, il a suffi d'une fois !) a cassé facilement, c'est déjà ça. Mais la peur, elle, ne m'a plus lâchée pendant plus de dix jours. Et encore maintenant je regarde parfois ce qui m'entoure avec suspicion. Je suis une Barang, une étrangère, et cela fait de moi une poule aux oeufs d'or de facto, même si je roule sur un vélo pourri et que j'ai 10 dollars sur moi. Après, tout le monde m'a bien sûr raconté tous les vols qui s'étaient produits dans les six derniers mois....le record : une fille qui s'est fait piqué son sac 6 fois en 2 ans ! En tuk-tuk, en moto, en vélo, devant chez elle...Donc, tout mettre dans ses poches, ou porter un sac à dos, pas de petit sac le soir.Il a suffi qu'une fois je manque de vigilance. Évidemment cela gâche le plaisir, mais bon cela peut arriver partout.

Donc ce mois dernier a été surtout occupé par le boulot, ce qui est logique, c'est pour cela que je suis venue !

Mon stage en ONG

En quoi consiste mon stage? C'est toujours un peu long à expliquer, alors pour ceux qui ne sont pas intéressés, sautez cette partie !
Je suis en stage chez Entrepreneurs du Monde, association de micro-crédit dont le siège est à Poitiers, qui est implantée dans divers pays dans le monde. Il s'agit de tout petits crédits (200$ maxi) pour des gens qui vendent leurs produits sur le marché ou dans la rue.
Ma mission (ce terme me fait immanquablement penser à la formule des films d'espionnage de série B : « Votre mission , si vous l'acceptez, est de libérer le Pentagone de dangereux terroristes. Ce message s'autodétruira dans 5 secondes. »), bref je disais ma modeste mission est d'identifier les besoins des étudiants issus de centres de formation professionnelle de Phnom Penh pour lancer leur petit business (petit salon de coiffure, atelier de réparation mécanique, etc.).
J'ai d'abord fait , les deux premiers mois, une évaluation d'une formation existante (« Business curriculum »), à Friends International, qui s'occupe d'enfants des rues, jusqu'à l'âge de 24 ans. La philosophie de cette ONG devenue entreprise sociale (cela veut dire que diverses activités -restaurants, boutique, salon de beauté- servent de lieux d'apprentissage pour les étudiants et génèrent des revenus; l'idée est de devenir indépendant à terme et de tourner en autonomie sans financement extérieur), sa philosophie donc est de réintégrer les jeunes dans leur famille, dans des écoles, pas de les garder à part. Il y a des ateliers pour apprendre un métier de façon pratique. La durée d'apprentissage est souple, elle dépend des capacités de l'étudiant et de la compétence technique à acquérir.

Interviews d'étudiants
Avec Dany, ma collègue khmère chargée de l'évaluation, une fille intelligente et drôle, qui souhaite aller faire un master en Australie ou aux États Unis, nous avons interviewé 22 étudiants et anciens étudiants ayant assisté au Business Curriculum, cours de 25 heures, qui parle du monde de l'entreprise, qui aborde des notions telles que le business plan, le marketing, le budget, connaître ses capacités, écrire un CV, etc.
C' est intéressant de voir leurs rêves. À terme, tous veulent travailler à leur compte. C'est normal, le travail informel occupe 90% de la population active dans le pays, dans les campagnes, c'est l'agriculture, et dans les villes, c'est des petits businesses familiaux, la boutique ou l'atelier est souvent la maison même, ou alors est dans la rue.
Mais la plupart ne sait de quoi il en retourne exactement. Il n'y a souvent pas de distinction entre l'argent pour les dépenses personnelles et pour le business.Ils savent à peu près combien ils gagnent par jour. Par contre ils sont plus forts que nous en calcul mental, me disait Phalkun, la responsable des formations (à part mon boss, tout le monde est Khmer ici, l'agence, appelée Chamroeun (« le progrès ») est dirigée par un Khmer aussi; Entrepreneurs du Monde supervise, coordonne). Il n'y a souvent pas la notion de force de travail non plus, de toutes les dépenses à soustraire pour savoir quel est le profit réel. C'est pour cela qu'une agence de micro-crédit fait aussi beaucoup de formations, pour apprendre aux gens à gérer leur argent, et donc savoir combien emprunter, comment épargner, pour mieux rembourser, et faire des plans d'avenir et d'expansion.
Les jeunes que j'ai interviewés ont un niveau de scolarité équivalent en moyenne à la 5ème, mais il y en a aussi qui ont le bac et plus. En effet, d'autres ONG, tels que Enfants du Mékong, veulent former des jeunes de haut niveau, et certaines formations sont ouvertes à d'autres étudiants donc j'ai parlé aussi à des étudiants des universités. Ces dernières poussent comme des champignons, mais l'enseignement n'y est pas toujours de qualité, et on peut même parfois acheter son diplôme ! L'exemple le plus frappant parmi ceux qui ont répondu au questionnaire était un étudiant en Master de finances qui avait pour ambition d' « ouvrir une banque », en toute simplicité, avec « 100.000 $ » comme capital de départ, provenant... d' « économies personnelles », ben voyons! Et le pire, c'est qu'il ne voyait pas où était le problème...

En même temps, mon travail était de contacter d'autres centres de formation pour savoir s'ils avaient déjà ce type de formation, et s'ils avaient des étudiants intéressés par l'auto-emploi que nous pourrions interviewer.

Entrer en contact avec les gens, c'est du sport !

Ce travail de contact a été incroyablement lent. N'ayant pas de contacts personnels, j'ai dû écrire des mails, avoir des conversations de sourds surréalistes, me faire raccrocher au nez au téléphone parce que la personne ne comprenait pas l'anglais. Puis peu à peu, j'ai obtenu des cartes de visite, des noms sur qui fait quoi. Et tout de suite, c'est allé beaucoup mieux. Mais souvent, j'ai eu affaire à plusieurs personnes dans la même organisation avant d'arriver à avoir les infos que je recherchais !

Sans compter les déplacements pour les rendez-vous. D'abord, comprendre où se situe le centre de formation sur la carte de la ville. D'accord c'est quadrillé avec des numéros, mais c'est pas si simple, sinon ce serait pas le Cambodge ! Il y a des quartiers, et il faut pouvoir prononcer les noms. Les moto-dop ne savent pas lire une carte, notre prononciation les déroute. Il faut pouvoir donner un repère (genre un marché), et lui faire des signes pour aller à gauche à droite, ce qui est difficile quand on y est jamais allé. Le plus souvent on tourne, on tourne. Quand on trouve toujours pas et que je comprends qu'on est paumé (80% des cas), j'appelle quelqu'un du centre en question et je passe le portable au moto-dop. Une fois, j'en ai eu tellement marre que j'y suis allée en vélo, mais pas de pot, je me suis trompée d'antenne! Après j'ai pris une moto pour arriver quand même au rendez-vous, le gars ne trouvait pas, il s'est mis à pleuvoir...J'ai dit au gars de faire demi-tour. Des fois, faut savoir lâcher prise !

Sur ce, à plus!



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